Interview artiste : Alban Morin

 
 

What is your background?

Après une scolarité classique, j’ai intégré l’École des Beaux-Arts de Sète puis l’École Supérieure d’Art et Design de Saint Étienne, dont je suis sorti diplômé en 2016. Ces années ont été extrêmement riches car, très tôt j’ai fait le choix de suivre un cursus transversal entre art et design.
À l’image de mes études, mes premières expériences professionnelles ont été protéiformes. En 2017, je continue mes recherches, engagées lors de mon diplôme, au sein du laboratoire de recherche La Céramique Comme Expérience à l’ENSA Limoges. En parallèle, je travaille au Pôle Recherche de la Cité du Design de Saint-Étienne où je développe des projets de design collaboratif. Puis, je finis par collaborer avec l’agence de design et d’architecture d’intérieur Julien De Sousa sur des projets d’aménagement dans différents domaines (éducation, santé, espace urbain, privé, etc.).
En 2021, je décide de me focaliser uniquement sur une pratique personnelle. La céramique retrouve une place privilégiée dans mon travail de recherches. Je réalise également des projets d’aménagement et de graphisme pour divers clients et collectivités.

How did your vocation as an artist come about? What was the trigger that led you to art and creation?

Je dirai qu’elle s’est construite au fil du temps et des rencontres.
D’abord, par la main et mon schéma familial. Très tôt, j’ai travaillé le bois avec mon père. Avec mon frère et ma sœur, nous passions nos vacances à la ferme à bricoler des objets et cabanes en tout genre. Aujourd’hui, ma sœur est artiste et mon frère fabrique des meubles sur son temps libre.
Puis, je l’ai envisagé en tant que métier lorsque j’ai intégré l’École des Beaux-Arts de Sète. La découverte du monde de l’art a été un tel épanouissement !
Enfin, il est évident que mes expériences professionnelles ont conforté mon envie de développer une recherche plastique personnelle. Dès que je m’en éloigne, elle revient rapidement dans ma tête.

Pourquoi avoir choisi la céramique ?

J’ai découvert la céramique lors de ma dernière année à l’ESADSE, puis, dans une toute autre dimension, à Limoges l’année suivante. Ce qui m’a marqué, c’est sa capacité à offrir une expérience à la fois artisanale, artistique et industrielle, notamment autour des techniques de moulage-coulage. Dans mon travail, elle est à la fois un outil de recherche et d’expérimentation et elle me permet également un déploiement industriel dans sa production. Elle met donc en exergue cette transversalité des mondes de la création que j’apprécie.
Avec du recul et de la pratique, je pense aussi que le processus de production correspond à mon caractère. La céramique dicte mon rythme de travail avec un protocole bien défini, chaque étape y est en quelque sorte ritualisée et le geste devient de plus en plus précis et maîtrisé.

En quoi ta première expérience professionnelle dans une agence de design et d’architecture t’aide dans l’élaboration de tes pièces ?

Par cette expérience, j’ai appris à maîtriser les différentes étapes d’un projet d’aménagement et les outils qui lui sont associés (logiciel d’architecture, image 3D, plan d’aménagement et de fabrication, etc.). Aujourd’hui, ces acquis me permettent de proposer sereinement aux architectes d’intérieur, aux décorateurs ou bien directement aux clients, des projets sur-mesure et capables de s’adapter au mieux à leurs attentes. Je suis également relativement conscient des paramètres de faisabilité, d’installation et de coûts de production de mes projets.

Peux-tu nous décrire le processus créatif qui t’amène de l’idée à l’objet terminé ?

Le développement de mes projets est très cérébral. J’y pense quasiment en permanence. Ils peuvent découler d’une lecture, d’une marche en ville ou d’un détail. Quand je démarre un projet, la forme est souvent très claire dans ma tête car, cela fait plusieurs semaines voire mois que je la travaille dans ma tête. Le dessin intervient alors pour valider les proportions et la mise en œuvre technique. Ensuite, je modélise les formes sur un logiciel 3D et passe au volume physique le plus rapidement possible, soit par l’impression 3D, la maquette ou la réalisation de modèle en bois ou en terre. Je réalise ensuite un moule en plâtre à partir du modèle et plusieurs tirages avec des variables différentes (séchage, terre, émaux, cuisson, etc.). Après cuisson, je réalise un état des lieux et réajuste le modèle, le moule et les paramètres. Une fois satisfait, je multiplie le moule initial et engage une production en série au besoin.

What are your artistic influences and inspirations?

J’aime beaucoup le travail d’installation au sens large. Je pourrai citer rapidement des artistes comme Vincent Mauger, Vincent Lamouroux, Pedro Cabrita Reis, Ann Veronica Janssens. Mais aussi les travaux des minimalistes américains ou encore de Daniel Buren dans leurs rapports à l’espace et au statut de l’œuvre. J’apprécie également le travail de Darren Harvey Reagan dans les jeux de textures, d’ombres et de variations d’échelle.

Describe your work in 3 words

Itératif, lien et verticalité.  

Which work of art would you choose to accompany you throughout your life?

L’œuvre Of desire de Phoebe Cummings. C’est un bouquet en porcelaine crue qui fane au fil du temps. Son travail de la porcelaine et la maitrise du geste est incroyable.

Which exhibition, artist or work has moved you the most?

L’exposition MARS d’Ann Veronica Janssen à l’IAC de Villeurbanne en 2017. Ou dernièrement l’exposition Se souvenir et témoigner de Théa Djordjadze actuellement au MAMC+ de Saint Étienne. Je ne connaissais pas son travail avant d’entrer dans l’exposition.

A piece of furniture / a design object that makes you dream?

Nombreux des fabuleux projets menés à la Manufacture de Sèvres. Le vase Ruban de Pierre Charpin ou la série de vases Anubis, Ra et Osiris de Jean Baptiste Fastrez.

Sinon, l’étagère T5 de Martin Szekely avec tous les petits éléments triangulaires qui dans l’effort collectif réussissent à stabiliser la structure et sa charge. Je suis sensible à sa démarche de « ne plus dessiner ».

A place that inspires you?

La ville m’inspire énormément. Je sors régulièrement marcher en ville, arpenter des rues ou des quartiers que je connais ou non. Je prélève des détails, des traces, des fonctionnements ou même des interactions sociales.
Pour me ressourcer, à l’inverse, une maison familiale dans le Trièves où nous allons plusieurs fois par an. Du jardin nous avons vu sur le massif du Vercors. Chaque jour la couleur des montagnes change en fonction de la lumière et des saisons. Il y a également de nombreuses randonnées et le très beau lac de Monteynard.

A favourite colour?

La multitude de blancs de la porcelaine.

What are your artistic projects for the coming months?

Pour l’instant, je pratique la céramique dans un atelier partagé. Dans les prochains mois, j’aimerais donc monter mon propre atelier afin de développer davantage mes projets en céramique et approfondir mon savoir-faire. La technicité qui entoure la céramique me fascine, pourquoi pas collaborer avec des designers, artistes ou architectes à la réalisation de leurs pièces.

Côté projet, je prépare deux installations et des prototypes d’objets à l’atelier.

 
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